Les haies « béton vert »
Les haies de cyprès, de thuyas et de laurier ont envahi nos campagnes, nos banlieues, nos villes. Monotones tout au long de l’année, je les appelle les haies « béton vert ».
Tristes du 1er janvier au 31 décembre, défavorables à la bio diversité, acidifiant les sols… ces haies sont à la nature ce que le hamburger est à la gastronomie. Au mieux elles sont bien taillées. Mais trop souvent, leurs propriétaires ne les maitrisent plus. Preuve que la taille n’a jamais empêché les plantes de pousser, bien au contraire. Elles deviennent trop hautes, trop larges. On les rabat sur les conseils du voisin parce que le cousin du beau-frère de sa belle-soeur l’a vu sur un forum sur internet, et là… c’est pire. On assiste au lamentable spectacle de troncs amputés des trois-quart de leur hauteur et portant des rameaux secs. Taillés trop court, rien ne repoussera, il faudra tout arracher. Il existe pourtant de belles alternatives à ces haies de béton vert : les haies libres, c’est-à-dire les haies d’arbustes à fleurs, caducs ou persistants, et aussi mes préférées, les charmilles, à tort oubliées.
La haie de charmes, ou charmille, possède de nombreux avantages.
Surtout sous notre climat aux hivers parfois très rudes et à nos altitudes élevées. Ces deux contraintes n’en sont pas pour notre bétulacée habituée à bien pire.
J’entends déjà les grincheux clamer haut et fort « Oui mais les feuilles tombent en hiver ! ». Et alors ? D’ailleurs c’est inexact, le carpinus betulus possède des feuilles marcescentes, c’est-à-dire qu’elles sèchent et restent sur l’arbre l’hiver, tombant au printemps pour laisser place aux jeunes poussent d’un vert tendre et doux. Et quand bien même les feuilles tomberaient toutes, il resterait un entrelacs de fines branches loin d’être transparentes.
L’hiver nous sommes moins souvent dehors que l’été et l’intérêt d’une haie totalement opaque est limité. Une haie de végétaux à feuillage caduque laisse passer la lumière, appréciée tout au long de la mauvaise saison. Rappelons que les feuilles sont caduques pour que les plantes survivent à l’hiver.
Description de charme
Son beau feuillage gaufré et denté varie suivant les saisons (le cultivar Rockampton red ‘Loch glow’ possède un feuillage automnal très rouge). Notre charme pousse vite et ne fait pas de grosses branches. Celles-ci sont fines, même sur les vieilles haies, de ce fait elles ne rayent pas les carrosseries des voitures, se couchant avec souplesse sous la manoeuvre maladroite de l’automobiliste. Autre avantage de la finesse, moins de volume de branches à ramasser que lorsque vous taillez une haie de cyprès de Leyland ou de laurier. Donc moins de voyages à la déchetterie et moins de fatigue pour vous. En poussant plus loin, vous pourrez même investir dans un petit broyeur électrique pour faire du paillage à déposer au pied de votre haie ou dans votre jardin, les copeaux de charmes n’étant pas acides. Très faciles à tailler, on crée aisément des haies étroites de charmille, moins de 50 cm de large, et si toutefois elles devenaient trop envahissantes, vous pourriez les rabattre, la charmille supportant d’être taillée de un mètre à plus de deux mètres de haut car, contrairement aux conifères, le charme repousse très bien.
Une haie de charme est un abri à nombre d’espèces d’oiseaux.
Vous pouvez y faire courir clématiques ou autres grimpantes qui fleurissent très bien dans la haie, la charmille cohabitant mieux avec les autres plantes que le conifère.
N’acidifiant pas le sol, votre gazon sera beau au pied de cette haie, alors que sous des thuyas ou des cyprès de Leyland ne pousse que la mousse.
Entourez votre jardin avec la charmille et la douceur de son ombre atténuera la brûlure du soleil.
La haie de charmilles n’a que des avantages.
Elle vous enchantera au fil des années. Vos amis l’admireront et vous oublierez bien vite votre vilaine haie de conifères ou de lauriers.

Le charme se plante de
préférence en racines nues
d’octobre à mars. Éviter
l’opération en cas de fortes
gelées.
bonjour Roland, merci pour votre réponse et vos précieux conseils (et du coup, merci Strada !).
Je vais pouvoir envisager une petite coupe bien dégagée « au dessus des oreilles » sans crainte!
1000 mercis !
bonjour Thomas,
Merci pour votre commentaire, qui me touche et me conforte dans mon choix quasi militant de promouvoir le charme en alternative aux conifères. Remerciez aussi Strada de m’avoir permis de m’exprimer dans ce magazine différent et engagé
Pour la taille, principe de base :
Dans la nature diviser ,c’est multiplier
notion difficile à comprendre pour les humains.
Plus vous couperez plus votre haie, plus elle sera touffue. Pour la charmille qui supporte les tailles sévères, couper en hauteur , étoffe le bas, attendre et couper à la hauteur souhaitée n’étoffera pas la haie. Il faut reculer pour avancer, comme au rugby….donc tailler en hauteur étoffe la haie a fur et à mesure de sa pousse. En largeur il faut tailler pour que la haie fasse 40cm de large( largeur d’un taille haie, ainsi le dessus est plus facile à tailler) plus vous taillerez, plus se sera dense. Les périodes de tailles idéales sont celles de montée de sève: avril/mai et aout/septembre, la cicatrisation est favorisée. La charmille accepte très bien la taille et n’en pâtira pas. Plus on taille, plus ça pousse. Diviser, c’est multiplier. Bref couper à votre guise, vous ne ferez pas de bêtises.
espérant avoir répondu à vos questions.
merci
Roland Fournel
pépinière jardin du bel arbre
Bonjour Roland, très bel article sur cette charmante espèce qu’est la charmille ! Et je vous rejoins complètement sur le fait que ces haies de charmilles sont beaucoup plus poétiques que les tristes thuyas du voisinage, coupés au cordeau et leurs sombres trous révélateurs de coupes frénétiques ! J’ai d’ailleurs une de mes haies en thuyas que je taille très peu afin de la laisser bien verte et surtout, pour qu’elle reste naturelle à l’œil. Des murs, j’en ai déjà 4 sur ma maison ! C’est pour cette raison que, de la charmille, nous en avons planté en haie, fin d´hiver début de printemps 2018. Il s´agissait de plants en racines nues de plus ou moins 1,20 m, distancés de 70cm, en ligne et qui depuis se portent globalement très bien.
Nous habitons en Normandie. Fin mai début juin 2019, nous avions procédé à une première taille pour commencer à former les plants, en coupant environ 10-15 cm des branches latérales, pas spécialement sur la flèche afin de les laisser prendre de la hauteur. Le but est de former une haie d’environ 2m de haut pour un brise-vue efficace à la belle saison.
Ce printemps, avec la météo de ces dernières semaines elles repartent pas mal mais j’avoue être un peu craintif pour commencer la vraie taille de formation, ne sachant pas trop quelles branches couper ou non afin de l épaissir et lui donner une forme homogène…
J’ai pris quelques photos mais je ne sais pas comment vous les faire parvenir pour voir si vous auriez quelques conseils applicables à cette future taille.
dans l’attente de vous lire,
bien cordialement,
Thomas