Travailler autrement, Entreprendre, EPOQUE
Le 04 décembre 2025
La Magnanerie, un bâtiment emblématique et historique de Langeac, a été transformé en résidence d’artistes, salle de spectacle et ateliers partagés à l’initiative de David Châtel. Cet ancien danseur, performeur scénographe Il partage la présidence de l’association avec Swann, ingénieur electrotech-ébeniste et Maëlle, directrice artistique de compagnie-comédienne-technicienne son et s’est entouré de micro entrepreneurs et artistes affutés au travail et à la vie en collectif.
Qui sont ces personnes au profil atypiques ? Qu’est ce qui les anime à travailler ensemble ? Nous les avons rencontrées.

La Magnanerie, lieu d’accueil de création : arts plastiques et arts vivants.
À l’étage, 200 m2 d’ateliers sont investis par des artisans qui travaillent en collectif.
Associer artisans et culture, un projet rare
Les coworkers de la Magnanerie que nous avons rencontrés, ceux qui forment le noyau dur de cette aventure, ont déjà vécu ou travaillé en collectif. Ils ont trouvé dans ces expériences une énergie dont ils ne veulent plus se passer. Le projet de la Magnanerie répond à leurs attentes. Un lieu culturel, artisanal, artistique où tout est encore possible. Il en deviendra ce qu’ils en feront.
Pour l’heure, place à la création, à l’imagination, aux rêves. Place au travail aussi. À la Magnanerie les artisans côtoient les artistes, parfois ils sont eux-mêmes artistes. La frontière est mince. Les partages et les collaborations sont faciles…
Ce lieux fonctionne un peu comme une communauté, ‘une famille élargie’ et dont les membres seraient mouvants. Il met en lumière l’importance des réseaux relationnels au quotidien pour une vie épanouie, stimulante, qui laisse de la place au hasard.



David, l’initiateur

David vient de Genève. Il est serrurier de métier, créateur d’arbres métalliques, il a aussi fait partie d’une compagnie de théâtre Les facteurs de buvette. En atteste le piano-cocktail, objet musical magnifique et insolite qui trône dans la salle de spectacle. Et depuis 25 ans, il est constructeur scénographe.
Qu’est-ce qui l’a amené à créer un lieu d’expression artistique collectif à Langeac ?
Lorsqu’il reçoit un héritage inattendu, David se demande comment l’investir. Il a besoin d’un atelier pour construire des décors de spectacles, et envisage un projet agriculturel. cette dernière idée ne vient pas de nulle part, David a également vécu une quinzaine d’années dans un collectif de maraichers, et sait donc de quoi il retourne.
En Suisse, c’est impossible d’envisager un achat (Genève est la deuxième ville la plus chère au monde). Il décide donc de dépenser son argent dans le monde rural, un endroit en France, central. Une fléchette vient de se planter dans une cible et désigner la Haute-Loire comme terre de prédilection. Les rencontres et les énergies le conduisent à Langeac, où l’ancienne magnanerie désaffectée l’attend.
Les grandes ouvertures cintrées sont bouchées par des pierres, le sol est de terre battue mais la bâtisse a un charme fou. Au début, il se lance seul dans la réhabilitation du lieu en changent sa destination. Il souhaite le transformer en lieu d’acceuil de création au sens large : arts plastiques et arts vivants.
Au rez-de-chaussée, ouvert sur l’esplanade, un espace nu pour accueillir les artistes, un autre pour la salle de spectacle et le foyer, lieu de convivialité. En haut 200 m2 d’ateliers partagés par des artisans qui pourraient collaborer aux créations artistiques et un futur dortoir. David s’est aussi aménagé un appartement.
La partie difficile commence maintenant. Il faut créer un collectif dynamique, trouver de l’argent pour finir les travaux et promouvoir le lieu.
« Je me suis entouré de gens sympas qui partagent mon état d’esprit »
David Châtel – 06 82 99 82 66
Maëlle
Après une résidence d’artiste de deux semaines à la Magnanerie avec Travers, sa compagnie de théâtre jeune public, elle a rejoint le bureau de l’association en tant que bénévole.
J’ai toujours travaillé en milieu associatif, alors faire partie d’un collectif me parait tellement évident, tellement riche, même si ce n’est pas toujours simple. Mais être en vie sans être en relation avec les autres, je ne le conçois pas. Le petit noyau de la famille n’est pas suffisant en terme d’inventivité… La collaboration engage d’autres types de relation, une sorte de fraternité qui nous fait vivre des émotions fortes, nous font nous sentir plus vivants et nous amènent ailleurs.
L’énergie du groupe augmente l’énergie de chacun, et quand on a ressenti cela, on ne peut plus s’en passer.

La collaboration engage d’autres types de relation, une sorte de fraternité qui nous fait vivre des émotions fortes, nous sentir plus vivants et nous amènent ailleurs.
Qui est Maëlle Guéroult ? Compagnie Traverse : comédienne, auteure et productrice de spectacles vivants, de kamishibai, jeune public. Technicienne son et co-présidente de l’association La Magnanerie.
Alexandre

Il vient de finaliser un prototype d’outil agricole de traction animale. Un chariot porte outil, polyvalent, conçu pour du travail agricole par la traction d’un cheval pour désherber, biner , buter, herser, sarcler… Ce n’est pas son premier prototype, mais celui ci, explique-t-il, il l’a simplifié dans l’idée de donner les plans en open source (voir ci-contre) pour que chacun puisse le construire lui même.
L’open source
L’Open Source à l’origine fait référence à des logiciels libres dont n’importe qui peut voir le code, le modifier et le repartager comme il le souhaite. Il s’étend maintenant à toutes les oeuvres de l’esprit. C’est un mouvement de collaboration dans le but de rendre accessible les savoirs, d’être acteur de l’objet, de fabriquer des engins évolutifs qui répondent réellement à nos besoins.
L’hiver, quand les travaux extérieurs sont moins nombreux, c’est la bonne saison pour fabriquer ses outils. Si vous voulez acquérir un chariot d’Alexandre tout prêt, c’est faisable aussi, mais il coûte 2700 € HT sans les outils. Il les vaut, mais le prix donne envie de s’autonomiser, non ?
Alexandre est stéphanois, serrurier métallier, puis s’est formé en maraichage. Il a beaucoup voyagé – 10 ans de vadrouille – et a rencontré David dans un collectif en Savoie.
Son projet ? Trouver un terrain proche et le travailler en maraichage. La production serait utilisée pour la cuisine de la Magnanerie.

L’Open Source à l’origine fait référence à des logiciels libres dont n’importe qui peut voir le code, le modifier et le repartager comme il le souhaite. Il s’étend maintenant à toutes les oeuvres de l’esprit. C’est un mouvement de collaboration dans le but de rendre accessible les savoirs, d’être acteur de l’objet, de fabriquer des engins évolutifs qui répondent réellement à nos besoins.
Océane
Elle est venue avec Alexandre qu’elle a rencontré lorsqu’ elle travaillait dans une ferme. Elle habitait alors dans une coloc’ en Savoie, près du lac de XXXX.» On s’entend très bien avec David, et le lieu nous a attiré et fait rester.»
La formation initiale d’Océane c’est coordonnerie-botterie mais là, son activité Anémone Colorée a investi l’atelier de couture. Elle crée des vêtements uniques à partir de tissus de seconde main
Son projet ? Que des personnes lui amènent un tissu avec une histoire, un vêtement de la grand-mère par exemple, pour une création de vêtement qui traverse les époques.

« Travailler et vivre avec d’autres ouvre l’esprit, ça aide à avancer plus loin dans son métier. »
Océane
Swann
Parisien, ingénieur en electrotech, Swan a changé de voie et suivi une formation d’ébeniste à Avignon puis il est venu en Haute-Loire, où il a intégré un atelier sur le plateau d’Ally. Il ne se projettait pas dans une activité solitaire en atelier. Il avait déjà le projet de quelque chose de collectif.
A la Magnanerie il a posé ses valises il y a deux ans et commencé par fabriquer son outil de travail : l’établi. C’est lui qui a créé l’espace de l’étage, les ateliers, et un box pour les finitions.
En ce moment il travaille sur un présentoir à légumes avec des modules sur roulettes pour l’Epinette, le magasin de producteurs paysans de Langeac.

L’atelier Attar, travail du bois et agencements 06 31 12 54 42
« J’ai découvert la Haute-Loire et je n’ai jamais pu repartir. »
Swann
Une conclusion ?
Leur projet de création collective, si il rejoint les aspirations d’une partie de la population, souvent qualifiée d’utopistes ou de doux rêveurs, est ancré dans le réel et prend tournure.
Posté par Strada Muse