Isolation, Ma maison, Aménagement & Design, CHEZ MOI, Energies
Le 01 septembre 2025
Les Herbes de la Saint-Jean
Solaires
Marjolaine et Baptiste sont ce type de personnes à la bonne humeur communicative. La lumière et la joie qu’ils apportent à leurs hôtes est solaire. Tout comme leur maison de village, Les herbes de la Saint Jean, qui emprunte son nom à un des jours le plus long de l’année, à quelques jours du solstice d’été, quand la tradition veut que l’on fête les moissons en dansant autour d’un grand feu. Mais ce couple joyeux donne l’impression de célébrer chaque jour qui passe. Entrons dans leur danse et visitons ensemble cette vieille bâtisse au coeur du village de Saint Bonnet le Froid.
» La ferme appartenait au grand oncle Jean »
raconte Marjolaine
C’était un des derniers paysan à utiliser des chars tirés par des boeufs. Situé juste en face du premier restaurant de Régis Marcon, « il faisait l’attraction des clients lorsqu’il guidait avec expertise ses boeufs pour rentrer son char, en marche arrière, dans l’écurie. »



Marjolaine et son compagnon Baptiste, alors qu’ils ne se connaissaient que depuis un an, ont décidé de se lancer ensemble dans de gros travaux pour transformer la ferme familiale en gite de 250 mètres carrés habitables. Cela aurait pu donner le résultat habituel, sans surprise, plutôt aseptisé, mais ce serait oublier le tempérament de feu des propriétaires ! Leur force de caractère leur a permis d’oser suivre leurs propres goûts, et d’assumer des choix parfois audacieux, en tout cas pas courant. « Ça aurait pu ne pas fonctionner, assurent-ils, mais on a eu de la chance ! » Je dirais plutôt que le professionnalisme de Baptiste, conducteur de travaux, maçon et spécialiste de l’isolation chaux chanvre, conjugué aux talent de décoratrice de Marjolaine a facilité la réussite du projet. Ajoutons à cela le coeur qu’ils ont mis dans leur réalisation et leur trois charmantes petites filles nées pendant les travaux…. et l’on tient peut-être la recette de leur succès.



La maison de toutes les expériences
En avant la visite
De la rue, difficile d’imaginer l’intérieur. Dès qu’on passe la porte, on apprécie l’espace, tout en longueur. L’entrée est vaste, accueillante, avec un grand escalier en bois pour desservir les deux étages. Le porte-manteau, les patères et les espaces de rangements rappellent une vraie maison. Les trois petites filles ont des noms de fleurs – Maïa-Rose, Esmée-Lys, Lou-Ivy – et, telles les abeilles à la belle saison, elles essaiment… Leurs jouets colorés sont un peu partout et leurs parents s’empressent de les ramasser pour une prise de photo plus représentative d’un gite. Mais est ce vraiment un gîte ? Les hôtes des 4 appartements et des deux chambres se croisent dans l’escalier, l’entrée, et partagent volontiers l’espace commun, aux allures de grande cuisine familiale avec sa longue table rectangulaire en bois que tout le monde partage. Nous disons « hébergement de caractère » précise Marjolaine, ce qui convient beaucoup mieux à cet espace locatif.
Nous sommes dans l’ancienne écurie.


Regardons d’un peu plus près de quoi est fait ce rez-de-chaussée.Les poutres du solivage d’origine ont été sauvegardées. Le sol est un simple béton surfacé à l’hélicoptère puis fini à l’huile-cire. Le long du mur, on a réservé une partie en contact direct avec la terre où s’épanouissent des plantes d’intérieur. L’escalier et sa rambarde, pièces d’importances, ont été réalisés par Damien Millet de l’atelier des copeaux.
Une cave humide est devenue un appartement douillet avec une chambre-nid sous une voute de pierre.
Au lieu d’ajouter des matières et des objets, on a préféré utiliser ce qu’on avait sous la main. Les portes et les claustras pivotantes sont en bois de récup’. La crédence rappelle la lauze mais c’est un simple stuc traité à l’oxyde de fer et au savon noir. (On vous partage la recette ICI). Le plan de travail est en châtaignier massif et c’est le papa de Marjolaine qui l’ a fourni ; il est fabriquant de piquets de clôture et a adapté ses ressources aux besoins de sa fille.
À l’étage, le palier reçoit la lumière de la verrière qui traverse un plancher de dalles de verre.
Coincé entre deux murs mitoyens, m’explique-t-on, il n’était pas possible d’ouvrir des fenêtres supplémentaires. Alors on a ouvert le toit et laissé la lumière pénétrer deux étages au dessous en passant par un sol transparent en verre trempé. Le carrelage des palier sarbore un motif usé floral qui rappelle la terre cuite. Il desservent deux chambres et trois appartements, tous différents.

Il faut savoir que deux frères habitaient dans cette rue : Jean, l’oncle de Marjolaine dans la maison que nous visitons, et Aimé celle d’à coté. A l’époque, il existait plusieurs passages entre les deux habitations. Des anciennes niches évoquent le souvenir les anciennes connections. D’étranges murs arrondis aussi. Les courbes en pierre se retrouvent joliment mises en valeur : ici dans une douche à l’italienne, là comme une invitation à emprunter un escalier…
Ossature bois et chanvre
Dans les bâtiments recevant du public, le solivage bois est déconseillé au niveau phonique. Baptiste a tout de même décidé de tout construire en ossature bois et pourtant le résultat acoustique est tout à fait correct. c’est parce qu’il a inclus une isolation chanvre entre les planchers dit-il. Le chanvre dans le bâtiment, c’est son matériau chouchou. Il offre de bons résultats en isolation phonique et thermique, son déphasage thermique le rend aussi ultra performant pour garder les bâtiments frais l’été, il a capacité de réguler l’humidité, il donne une impression de chaleur qui permet de chauffer moins pour un confort similaire. Cela s’explique par une transformation moléculaire, un changement de phase aqueuse en gazeuse qui fait augmenter la température de la paroi de 0,5 à 1° sur l’ensemble d’une maison, l’économie énergétique et le gain de confort est considérable. Mais attention, la technique de chaux chanvre projeté que Baptiste a mis en oeuvre dans son bâtiment n’est pas à la portée de tout le monde. Il est délicat d’obtenir la bonne consistance et à bien évaluer le temps de séchage en fonction de l’épaisseur souhaitée, la chaux étant très sensible aux conditions climatiques. Il y a 8 ans, Baptiste Miramand était le premier artisan au Puy à notre connaissance à avoir des machines à projeter du mélange chaux-chanvre. Il a expérimenté, gagné en connaissances et peaufiné sa pratique. Ses mélanges, moins dosé en chaux qu’un mélange à la bétonnière, sont plus isolants.


Quitte à avoir beaucoup de disparités autant en jouer, et les surjouer !



Normalement, on ne colle pas un papier peint à motifs à côté d’un mur en pierres apparentes. « Ça ne se fait pas » ont dit des professionnels. Et alors ? Si ça lui plait ? Les choix de Marjolaine défient les conventions : elle aime l’esprit des années 70, les tapisseries en relief, les motifs éclatants et les combinaisons de couleurs. Dans l’appartement armoise, les meubles de cuisine jaune pétant contrastent avec la peinture noire de chutes de bois mises en scène par Baptiste sur tout un mur. Comme les couleurs, ces deux-là sont complémentaires…
L’ensemble n’a rien d’incohérent. Pour y vivre toute l’année, ce serait sans doute un peu chargé, mais les hôtes de quelques nuits tombent sous le charme et en font l’éloge.
La simplicité n’est qu’apparente. Il faut être un peu fou pour se lancer dans la réalisation d’un sol de douche à partir de chutes de deux carrelages différents… ‘C’était la misère à faire ! ‘approuve Marjolaine. Elle a du parfois se plier aux contraintes techniques mais le plus souvent Baptiste trouvait une solution qui concrétisait leurs imaginaires.

ARMOISE
La rambarde du XIXe peinte en noir contraste avec le jaune vitaminé des meubles de la cuisine !
Chauffage décarboné


Ce mur là, on ne le devinerait pas à cette saison, il est chauffant. Comment ça, un mur chauffant ? Il fonctionne sur le même principe du sol chauffant. Un tuyau posé en serpentin transporte de l’eau chaude à l’intérieur de la cloison et répand une chaleur douce. Des réglettes soutiennent les tuyaux en PER sur leur trajet. De chaque côté du mur une ossature bois reçoit un isolant acoustique, puis des plaques de Fermacel®, l’alternative écologique à la traditionnelle plaque de plâtre BA13, dont une des particularités est d’offrir plus de densité, donc plus de masse. Le résultat est incroyablement agréable. Après l’avoir testé aux Herbes de la saint Jean, Baptiste a mis des murs chauffants dans toutes les cloisons de son nouveau chantier en cours, leur future maison. De leur chaudière ils sont très contents. Ils ne voulaient pas de chauffage au fuel, ni au gaz ni à l’électricité. Ils ont opté pour le bois déchiqueté, conquis par le système Modul’R installé chez Jacques et Régis Marcon par Météor Energie, la Scop yssingelaise. Coût annuel : 2500 € pour le chauffage + l’eau chaude sanitaire de 250 m2 habitables qui reçoivent plus de 15 personnes.
Vivre à Saint Bonnet le Froid
La réputation de Saint Bonnet le Froid n’est pas exagérée… « Nous avons une chance incroyable d’avoir une maison de famille implantée dans ce village extraordinaire qui a le sens du partage, de la solidarité, de l’entraide. Il n’y a pas de concurrence : on travaille ensemble. Et de l’émulation aussi. Au départ on imaginait un projet locatif classique, mais les habitants nous ont incités à transformer la maison en hébergement de caractère avec des matériaux hyper quali tout en gardant le charme de l’ancien. »


Marjolaine et Baptiste pensent qu’ils ont eu de la chance que leur gite plaise autant. Nous, on a surtout constaté qu’ils n’ont pas triché, ne se sont pas soumis à des choix faciles, convenus. Ils ont suivi leur propre goût, expérimenté de nouvelles techniques. Travaillé avec passion, avec le coeur, dans les travaux comme dans la relation aux autres. Leur posture dans la vie est une force rayonnante. ✨
Marjolaine, Baptiste Miramand
& leurs filles
HÉBERGEMENT DE CARACTÈRE
www.lesherbesdelasaintjean.fr
Posté par Joëlle Andreys