Confort thermique, Ma maison, CHEZ MOI
Le 02 décembre 2025
Nous vivons dans un département magnifique ! Mais son altitude moyenne de 800 m peut aussi être un inconvénient : nos consommations de chauffage sont 45% plus élevées que dans le reste du territoire national.
La hausse des coûts de l’énergie nous pousse à réagir. Or, les travaux de rénovation, même avec des aides financières, demeurent parfois inabordables.
Faut-il se résigner ou pouvons-nous gérer cela autrement ?
L’hypothalamus ne fait pas de sentiment
Depuis le danois Fanger en 1970 à l’origine des normes internationales de confort thermique, de nombreuses études ont tenté d’évaluer le confort thermique. Elles ont quantifié l’impact de l’activité et de l’habillement, et aussi les besoins physiologiques à satisfaire : l’hypothalamus, principal régulateur de notre température corporelle, ne fait pas de sentiment. Il a ainsi été établi qu’une température intérieure de 21°C pour une personne au repos et légèrement habillée serait optimale. Alors pour réduire nos factures, devons nous nous activer et nous habiller plus ? Oui, mais cela ne correspond pas toujours à notre mode de vie et ne suffit pas toujours à boucler les fins de mois.
En fait, nous n’avons réellement besoin que de quelques centaines de watts au plus près du corps pour être confortable. Alors pourquoi en consommer plusieurs milliers pour chauffer une pièce ou une maison complète ?

Le confort sobre en études
La réalité des fins de mois autant que des considérations de souveraineté énergétique ont conduit des ingénieurs et des sociologues à mener des expériences grandeurs nature.
Entre 2020 et 2023, le projet SlowHeat a suivi 29 ménages belges volontaires dans leur objectif de réduction de leur consommation (slowheat.org) Dernièrement, c’est l’ingénieur Pascal Lenormand et son épouse qui ont challengé 14 foyers français ordinaires durant une année, sous l’œil critique d’un sociologue :
Les résultats sont tombés début novembre 2025. Le ‘confort sobre’ permet de fortes économies d’énergie sans intervenir sur le bâti. Chacun trouve ses clés pour aller plus ou moins loin dans sa sobriété, en douceur mais avec conviction.
Dans ces deux expériences, le confort est amené par un chauffage au plus près du corps, associé à des changements d’habitudes vestimentaires et d’usages des locaux. Avec un principe fondateur : choisir au lieu de subir.
« Quand on accepte son réel besoin de confort et qu’on le place au coeur de son projet de rénovation, on a plus de chances d’atteindre une sobriété efficace »
Des systèmes individuels de chauffage
Connaissez-vous les systèmes individuels de chauffage ?
La plus connue est probablement la couverture chauffante. D’une puissance d’environ 100 watts, elle vous amène plus de confort dans votre lit ou sur la canapé qu’un radiateur de 2000 watts chauffant toute la pièce. Pour 50 € d’achat vous économiserez de 100 € et 200 € dès la première année en gardant une température d’ambiance bien plus basse sans perte de confort.
Vous êtes en télétravail dans une chambre aménagée ? Avez-vous pensé au petit radiateur radian de 300 W sous la nappe du bureau ou un tapis de souris de 30 W. Les retours d’expériences positives se multiplient.

Pour appuyer l’idée lors du prochain jour de marché, demandez à votre marchand de soulever sa veste. Vous pourriez bien y trouver un gilet chauffant sur batterie qui lui apportera 35°C toute la matinée pour 0,25 € ! Des versions domestiques très sympa existent aussi. Pour les curieux, tapez ‘vêtements chauffants’ dans la barre de recherche de votre navigateur éthique. Vous serez surpris de la diversité des solutions proposées. Toutefois, attention au 1er prix ; le moins cher est souvent trop cher pour le service rendu.


Rappel
Au XXe siècle, le déploiement du chauffage central et le faible coût de l’énergie ont permis de chauffer de grands volumes à des températures élevées et homogènes.
Aujourd’hui, nous réalisons que ce sont nos corps, et pas les espaces, que nous avons besoin de chauffer.


D’autres références, pour ceux qui veulent aller plus loin
Bon à savoir
La vaso-constriction/dilatation qui permet de s’habituer aux variation de températures peut être défaillante à force de rester dans des espaces à températures contrôlées. Quelques chocs thermiques sont bénéfiques.
Les problèmes d’humidités se règlent avec une bonne ventilation, pas en augmentant le chauffage.
Évolution de l’architecture
Au milieu du siècle dernier, l’arrivée du chauffage central doublée d’une énergie abondante et peu chère a conduit les constructeurs à négliger la question énergétique de l’habitat (. Il faudra attendre la réglementation thermique de 2005 pour revenir aux performances du bâti ancien. Pas idiots les aïeux !
Le contexte a changé en 100 ans. Autrefois, nos activités étaient plus physiques. On s’habillait plus. La surface des logements était plus réduite. Aujourd’hui on décloisonne les pièces de jour, plus difficiles à chauffer.
L’évolution de l’architecture et de l’isolation :
- Hubert LEMPEREUR : https://www.darchitectures.com/magazine/rubriques/point-de-vue/2616-une-breve-histoire-de-lisolation-1-10.html
- CAUE 69 – conférence https://www.youtube.com/watch?v=6KKnZl4IRrY
- Renan VIGUIE FNCCR Prix AARHSE 2023 https://www.youtube.com/watch?v=xD02urNPzzg
SLOWHEAT Chauffer les corps, moins les logements (2024)
Dans la partie I, nous partagerons notre lecture des enjeux actuels via une présentation des différentes com. Nous appelons le système chaleur : nos corps, nos logements, nos systèmes de chauffage et les infrastructures qui les alimentent, les limites planétaires et le cadre politique et économique actuel. Autant d’éléments qui nous amènent au constat que les stratégies actuelles. Centrées sur l’efficacité énergétique, ne suffiront pas et qu’une autre approche est nécessaire.
Dans la partie II, nous définirons l’approche, baptisée slowheating et ancrée dans la théorie des pratiques sociales, avant de détailler, en partie III, les impacts quantitatifs que sa mise en œuvre a eus sur nos logements : températures d’ambiance et réductions de la consommation d’énergie. Mais les impacts ne sont pas que quantitatifs. Adopter le slowheating amène d’autres pratiques du quotidien de façon parfois étonnante et questionne plus largement notre relation au confort et à la chaleur. Dans les parties IV et V, nous détaillerons en quoi nos représentations, infrastructures et compétences sont touchées et quelles sont les conséquences au quotidien. Viendront enfin des réflexions sur les potentiels et limites de généralisation du slowheating (partie VI).
Le confort sobre
Gaëtan Brisepierre Chauffage : sous 19°C, le confort sobre ? (sortie de l’étude 11-2025)
Peut-on baisser le chauffage en hiver sans perdre en confort ? Peut-on se passer du chauffage central et donc d’une température homogène partout dans le logement ? Comment permettre à des habitants volontaires d’apprendre à se fabriquer un confort voluptueux, basé sur de nouveaux comportements actifs et réflexifs pendant la saisons de chauffe ? C’est le défi de ce nouveau chantier de recherche sur le chauffage et le confort sobre de Leroy Merlin Source, en partenariat avec Octopus Energy.
Design énergétique et sociologie : Cette expérimentation menée avec 14 ménages a mobilisé une équipe de recherche inédite au cours de l’hiver 2024-2025 : Pascal et Amélie Lenormand, designers énergétiques, leur ont proposé un programme d’entraînement, sous le regard et l’analyse des sociologues Gaëtan Brisepierre (correspondant Leroy Merlin Source) et Mathilde Joly-Pouget. Les sociologues ont procédé au recrutement des ménages, puis ont observé le programme d’entraînement tout l’hiver et enfin ont mené des entretiens conclusifs avec les habitants volontaires. Le rapport de recherche comprend d’une part leur analyse et d’autre part le parcours vécu par les 14 familles.
La qualité de l’air intérieur pour une maison saine : à lire sur STRADA
Posté par Yohann Fanget
