En Haute-Loire, nous avons la chance d’avoir un des douze Conservatoire Botanique National de France. Celui du Massif central. Qui couvre d’ailleurs bien plus large que le Massif central (dix départements en tout).
3 rue Adrienne de Noailles
43230 CHAVANIAC-LAFAYETTE
04 71 77 55 65
conservatoire.siege@cbnmc.fr
www.cbnmc.fr
Parmi les mille métiers que j’aurais rêvé faire, il y a celui de botaniste. J’imagine tenir des herbiers plus épais que Guerre et Paix, j’imagine me promener dans la nature et fredonner les noms latins de toutes les plantes que je croise. J’imagine avoir une serre – évidemment une serre digne d’un parc victorien – dans laquelle j’élève des petits semis de plantes rares.
Dans un conservatoire botanique, je me suis dit qu’il y avait forcément des botanistes. À défaut d’avoir étudié les plantes, je suis capable de les trouver jolies et de les prendre en photo. Ce n’est pas le même métier mais c’est déjà ça qui nous rapproche.
Je me rends donc à Chavaniac-Lafayette, face au château du même nom. Je suis accueillie par Stéphane Pereira, en charge de la médiation et de la communication. Qui dit mai 2024, dit pluie qui mouille, nuages gris et grenouilles mais on arrive à passer entre les gouttes pour visiter le jardin.
Le CBN a été fondé en 1998, dans un domaine de 9 hectares. Il y poussent plus de 500 plantes rares, menacées ou emblématiques du Massif central. Je suis mon guide à travers les sentiers. Les anciennes allées cavalières du château ou chemin de bois à travers les différents espaces superbement réaménagés par un architecte-paysagiste entre 2017 et 2022.
Il m’explique les différentes missions d’intérêt général du CBN (qui ne consistent pas uniquement à faire des herbiers et stocker des graines) :
- Développer et améliorer les connaissances
- Contribuer à la gestion conservatoire et à la restauration écologique. (un quart des plantes du Massif central sont menacées de disparition !)
- Gérer et valoriser les données botaniques, anciennes et contemporaines
- Appuyer l’Etat ou les établissements publics par l’expertise scientifique et technique
- Informer, sensibiliser et mobiliser le public à la connaissance et à la préservation de la diversité végétale sauvage et cultivée.
La plus grande partie du travail est donc d’ordre scientifique. Je découvre d’ailleurs les labos, la chambre froide, le fond documentaire et la serre. J’apprends les missions de collecte et de cartographie, les mesures de préservation et de stockage, le service d’expertise auprès de l’Etat. Il y a bien des herbiers ; celui transmis par Ernest Grenier, un prêtre qui parcourait la Haute-Loire à vélo, est splendide et une mine de savoirs. J’aurais pu passer une semaine de reportage en immersion et je n’aurais pas été lassée de ce que j’apprenais.
Rien que la modeste serre – rien à voir avec mon idéal de serre victorienne – est fascinante : des seaux accueillent des plantes aquatiques qui barbotent. Des cagettes qui semblent posées là négligemment contiennent des godets de fougères nées à partir des spores. Un champ de céréales cultivé par un paysan-boulanger de Brioude est aussi lieu d’expérimentation : des fleurs messicoles (étymologiquement : « habitant les moissons ») sont plantées et étudiées pour évaluer leur cohabitation avec les blés anciens.
Il existe deux sentiers botaniques qui permettent de découvrir, avec ou sans application, la flore des différents espaces naturels. Ces espaces dessinent le paysage du Massif central, terre de landes, de prairies, de forêts, de volcans. Des panneaux et quelques installations artistiques très poétiques agrémentent le parcours (ce miroir qui reflète la canopée !) Je découvre et redécouvre des plantes que je connais et d’autres surprenantes. Je comprends les enjeux d’une flore variée sur la biodiversité. Le cadre est très agréable, malgré le temps maussade de ce printemps. J’entend les oiseaux, croise des grenouilles et je suppose que les abris à reptiles, insectes et autres nichoirs sont tous habités joyeusement. Si j’étais un petit être vivant sauvage, c’est ce que je ferais !
A la fin de la visite, Stéphane me tend le programme des activités 2024.
J’ai envie de participer à toutes les visites, tous les ateliers. J’ai surtout envie d’y trainer tous ceux qui coupent encore leurs haies au carré. Ceux qui tondent leurs pelouses « pour que ça fasse propre ». La nature n’est pas sale, par définition – ceux qui débroussaillent, traitent avec des pesticides ou brûlent de manière intempestive et ceux pour qui le thuya est le seul arbuste digne d’intérêt (quelle tristesse !)…À bon entendeur !
A lire sur strada-dici.com, Les Ateliers de la Bruyère par Agathe Waechter
Posté par Agathe Waechter