Le 15 juin 2023
RéALISATEUR du film Ardéchois, Paysans montagnards
Son film documentaire sur les paysans montagnards de Haute Loire et Haute Ardèche est un succès indiscutable. Les salles régionales sont pleines, on doit refuser du monde, les gérants de salles l’ont reprogrammé partout où il est passé.
Nous avons rencontré son réalisateur Bernard Peyrol. Bernard est originaire de Saint Etienne, c’est un citadin qui passait ses vacances à la campagne où il a découvert la paysannerie sans mécanisation.
STRADA : Pourquoi un tel engouement pour votre film ? Aviez vous eu l’intention de délivrer un message particulier ?
Bernard Peyrol : J’ai voulu montrer des images qui me sont restées en mémoire : des vaches attelées, le fauchage à la faux, la traite à la main, le foin porté à dos d’homme… Un public de seniors vient retrouver ces gestes qu’ils ont connus plus jeunes. Ma première intention est celle de la mémoire. Il a fallu réagir vite. Ce mode de vie et ce savoir-faire était en sursis. En 2023, trois ans après avoir tourné ces images, la plupart des paysans filmés ont quitté leur ferme pour des causes diverses : santé, rudesse du climat, décès… Seul le dernier couple est resté sur place mais a cessé son activité agricole. Il n’a plus d’animaux. Ces portraits sont déjà de l’ordre du passé.
Je montre une agriculture qui était généralisée en France au début des années 50 : une agriculture sous mécanisée qui fut modernisée ‘pour nourrir tous les français’. C’était le but des grandes réformes, du traité de Rome (1957) qui posa les jalons de la future Politique agricole commune (PAC), du plan Marshall… En 1968 l’Etat favorisait les fermes qui étaient d’accord pour se développer et produire plus. Les trentes glorieuses (1945-1975) ont amené une élévation des niveaux de vie, mais pas pour ceux qu’on voit dans le film. Ceux-là sont passés à côté, ou bien ont esquivé. Ils ont tous eu le choix à un moment de leur vie de rester à la ferme ou de partir.
STRADA : A votre avis, pourquoi les paysans que vous montrez dans votre film n’ont ils pas pris le chemin de la croissance ?
Bernard Peyrol : Il y a des causes structurelles avec des terrains agricoles de moins de 10 hectares. En altitude, la culture de céréale n’est pas aisée. Les pentes ne facilitent pas l’accès aux tracteurs. L’élevage intensif n’est pas possible. ne certaine fragilité socio-économique aussi. La partie administrative, la gestion pouvaient en rebuter certains…
Pour connaitre les prochaines dates de projection,
Posté par Joëlle Andreys