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Le 16 septembre 2024
Le poele de masse de Jeanne et Damien
Jeanne et Damien se sont installés à Grazac avec leurs trois enfants dans une maison suffisamment grande pour accueillir un système de chauffage de taille imposante. Gourmand en espace mais sobre en énergie.
Leur poêle de masse est une pièce architecturale qui s’étend sur trois niveaux. L’aménagement intérieur a été imaginé en fonction de lui, structuré autour de son rayonnement. Le mot chauffage « central » prend ici tout son sens. Positionné au coeur de la maison, il alimente en chaleur douce l’ensemble des pièces, au grand bonheur de ses habitants.
Au rez de chaussée, le poêle crée une frontière subtile entre le salon et la cuisine. D’un côté, le foyer et une banquette chauffante, de l’autre un four à pain professionnel qui fonctionne indépendamment du circuit d’air chaud.
A l’étage, la cloison des chambres a été construite contre le système d’accumulation d’air chaud, une sorte de « satellite » du dispositif principal.
Sous le toit, la partie terminale du poêle trône sur un large palier qui fait office de bibliothèque et d’espace détente, libérant la chaleur douce de ses fumées, encore à 60°.
« Une seule charge par jour, 1h à 3 h de feu, et on chauffe 24 h. »
Le principe de base du poêle de masse : l’inertie
L’inertie thermique est la capacité physique d’un matériau à conserver sa température puis à la restituer de manière diffuse.
Le foyer du poêle de masse de Jeanne et Damien a été construit en briques réfractaires (terre cuite). Les couloirs de circulation des fumées – plus de 11 mètres – sont des chicanes en briques de terre crue comprimée ou BTC. La terre crue est l’un des matériaux qui procure le plus de confort thermique par inertie : 2 tonnes / m³. Son enduit terre et paille – fait maison- optimise la diffusion de chaleur. Avec une seule flambée de 10 à 20 kg de bois, les facades restent tièdes toute la journée. En mi saison, on réduit de moitié la charge alors que si il se mettait à faire très froid, on ferait deux feux par jour. C’est facile : on a juste à ouvrir l’arrivée d’air au début puis à la fermer à la fin de la combustion.
La puissance de chauffe a été déterminée en fonction du bâtiment : de sa situation géographique, du volume à chauffer, du type de vie de ses habitants…
Il faut préciser que la maison est très bien isolée pour une rénovation ! Sur ses murs en pierre, 145 mm de laine de chanvre, coton et lin (biofib trio pour un R de 3,8) ont été recouverts par des plaques de Fermacel, une alternative intéressante au Placoplâtre.
Enfin le foyer est conçu de manière à extraire un maximum des calories contenues dans le bois.
Du coup un foyer d’une puissance de seulement 5,5 kW suffit pour chauffer près de 500 m3.
Construire son foyer
« Je ne savais pas qu’on pouvait faire un poêle de masse sur mesure », raconte Jeanne, jusqu’à ce qu’elle découvre l’entreprise Ardeche Poêle de Masse. Marie Milesi, cofondatrice, prend le temps d’expliquer sa démarche, le fonctionnement de ce mode de chauffage méconnu, et l’engagement que demande la co-construction d’un poêle de masse comme elle le propose. En effet, ses clients, si ils le souhaitent, sont aussi les artisans de leur foyer.
Dans le cas de Jeanne et Damien, après l’étude et la conception, le chantier a été réalisé en 3 phases de plusieurs semaines dans lesquelles ils se sont totalement impliqués. En tout, 6 tonnes de briques de terre à couper, manipuler, maçonner. « C’était un véritable puzzle ». Il est assemblé avec un mortier d’argile, de terre, de sable et d’eau puis recouvert d’un enduit terre et paille fait maison.
Un travail d’équipe : des stagiaires ponctuels venaient donner un coup de main, tout le monde était logé et nourri sur place…
« C’était une super expérience, affirme Jeanne, j’ai adoré. »
« Construire ensemble notre poêle était une super expérience, j’ai adoré. »
Jeanne
Marie Milesi
C’est lors d’un voyage au Danemark que Marie Milesi a rencontré son premier poêle de masse : avec seulement 1h30 de feu par jour, en plein milieu de l’hiver, il faisait 20 degrés constants dans la maison. Elle découvre l’utilisation de matériaux lourds, massifs, qui accumulent la chaleur et la restitue par rayonnement. La chaleur est douce, constante et de longue durée alors que celle produite par nos poêles en metal disparait quand le feu s’éteint.
Séduite et inspirée, elle se documente et écrit deux livres sur le sujet. Avant d’en faire le coeur de son métier.
STRADA : Marie Milesi, pourquoi proposer de l’accompagnement à la construction ?
Marie Milesi : Il y a plusieurs raisons. Participer permet aux clients de réduire le coût du chantier. Ils comprennent le fonctionnement de leur poêle, du coup ils savent bien s’en servir. C’est aussi l’occasion de faire de belles rencontres !
ll nous arrive de faire du clef en main, mais chaque poêle est unique, adapté aux besoins du lieu et de ses habitants.
Je suis contente du projet de Jeanne et Damien qui chauffe 3 étages et 5 pièces, dont la grande pièce en haut qui fait presque tout l’étage. Le poêle ne compense pas un défaut d’isolation mais vient en complément d’une bonne isolation. Ainsi la chaleur produite est conservée dans la maison.
Les poêles de masse répondent aux enjeux énergétiques d’aujourd’hui. Plus il y aura de poêles de masse, plus on chauffera intelligemment et moins on polluera.
Moins de chichi, plus d’authenticité
Le choix d’une vie à la campagne date de près de 15 ans. C’est un projet mûrement réfléchi. Peu attachés à un emplacement géographique – Jeanne vient de Normandie, Damien de l’est, et ils ont déjà habité ensemble à Paris et à côté de Lyon – ils souhaitaient tous deux « surtout du vert ». Alors qu’ils recherchaient un lieu de vie en Ardèche, ils ont découvert le département voisin, la Haute Loire, « un territoire vivant mais tranquille, dans la nature » et une maison qui correspond à leurs critères : grande, avec du terrain, isolée mais pas loin d’un village.
« Un mode de vie simple qui permet d’être moins dépendant d’un système global »
Installés depuis un an à Grazac, Damien télétravaille, alors que Jeanne a mis son activité professionnelle entre parenthèses ; elle est très occupée par les travaux, le potager, le verger, les animaux et un projet de gite… « Nous avons plaisir à manger ce que nous produisons, à passer du temps en famille » détaille Jeanne, et Damien de souligner leur mode de vie « plus simple qui permet d’être moins dépendant d’un système global et de s’approvisionner localement ». En effet ils font leurs courses par exemple chez le maraicher bio d’à côté, se fournissent en farine au moulin de Lapte…
Quant aux enfants de 8, 10 et 13 ans, il leur a été facile de se faire des amis « dès le premier jour d’école », à laquelle ils se rendent à pied.
Sport, théâtre, médiathèque d’Yssingeaux, festivals, vie associative …, que ce soit en terme d’activités ou de culture, les possibilités sont multiples et variées. Jeanne a intégré Le Jardin du curé, une chouette association qui crée du lien et transmet des savoirs.
Cette qualité de vie qu’ils apprécient est permise par plusieurs facteurs.
L’environnement naturel bien sûr. Un très bel accueil des habitants évidemment. Mais aussi par les moyens qu’ils se sont donnés. Jeanne et Damien ont lâché le confort du salariat, ils n’ont pas lésiné sur la charge de travail, physique, exigeant, que nécessite leur projet de vie et, à l’image des fumées de leur poêle de masse qui chauffent leur maison, ils circulent dans la vie locale et échangent avec chaleur.
JA
Posté par Joëlle Andreys