Connaissance de soi, ETRE BIEN
Le 01 avril 2024
La honte fait partie, avec la culpabilité et la fierté, des émotions dites auto-conscientes. Ceci car elles sont en lien avec le sens de soi, ce qui veut dire, que pour pouvoir les ressentir nous devons avoir acquis une conscience de notre individualité et la capacité de nous évaluer nous-mêmes. Dans le cas de la honte, cette évaluation intérieure est négative et touche la personne dans son entièreté. Nous réalisons cette évaluation de soi en fonction des valeurs, normes, croyances que nous avons intériorisées. Quand nous avons honte, nous percevons un écart entre ce que nous sommes et ce que nous voudrions être ou ce que nous croyons que nous devrions être. Ce jugement, qui va déclencher le sentiment de honte, peut être inconscient.
Une question d’identité
Dans la honte nous trouvons deux éléments : quelque chose que nous considérons comme un défaut et un regard qui en est témoin.
Le malaise profond que la honte génère vient du fait de se retrouver exposé, vulnérable, ou dans la crainte de l’être, face à un regard qui va nous juger.
La honte nous touche au niveau de notre identité. Nous pouvons nous sentir honteux d’une partie de notre corps qui ne correspond pas à ce que la société valorise. Honteux d’être malade, d’avoir un comportement non souhaitable comme par exemple une addiction. Mais la honte peut nous toucher aussi à travers l’autre. En effet, quand nous l’incluons dans notre identité par exemple nos enfants ou nos parents.
Source de stress et d’inconfort
Au niveau physique la honte déclenche des réactions comme le rougissement, la transpiration et l’accélération du rythme cardiaque. Quand nous avons honte nous avons du mal à soutenir le regard de l’autre, la tendance instinctive est de se cacher et/ou de cacher ce dont on a honte. C’est un vécu très inconfortable qui nous rend vulnérable et nous allons mettre en place des stratégies pour essayer d’éviter ce malaise : mensonges, justifications, colère, attaque, et dans les cas extrêmes même le suicide.
La honte a un effet inhibiteur sur notre énergie de vie. Elle nous paralyse et nous empêche d’être nous-mêmes, d’explorer, de déployer nos potentiels et de nous épanouir dans la vie. Nous avons besoin de nous sentir en sécurité dans nos relations. Quand nous avons honte de certaines facettes de nous-mêmes, l’autre n’est plus perçu comme une source de sécurité, et les relations deviennent ainsi une source de stress.
Elle nous renseigne sur notre lien à nous-mêmes dans un contexte social donné. Lien à nous-mêmes, car elle est liée au regard que nous portons sur nous et à l’estime de soi. Quand on a honte c’est parce que nous croyons avoir une faille, un défaut. Nous nous regardons et nous nous trouvons d’une façon ou d’une autre pas valable. Nous ne voulons surtout pas que quelqu’un puisse nous voir tel que nous nous voyons. Et dans un contexte social, car bien que nous puissions ressentir la honte en étant seuls, c’est essentiellement le regard extérieur réel ou imaginé qui nous fait mal.
La honte : un outil de pression psychologique inacceptable
Elle est utilisée dans l’éducation pour inciter l’enfant à adopter les valeurs, les règles, les croyances familiales. On lui apprend ainsi à éviter les comportements qui sont mal vus dans le milieu auquel il appartient et à favoriser ceux qui y sont acceptés. Certains vont, de ce point de vue, considérer cette émotion comme positive, ce avec quoi je ne suis pas d’accord.
L’être humain a besoin d’entretenir des liens, d’appartenir, mais ce besoin peut parfois nous conduire à nous trahir ou à trahir nos valeurs pour être accepté.
La question qui se pose est : est-ce que nous avons besoin de la honte pour nous comporter d’une façon qui nous permette de vivre en société d’une façon harmonieuse ?
Tout petit nous vivons un temps sans connaître la honte. Cela correspond à cette étape où l’enfant est naturel et spontané et n’est pas conscient de l’existence de règles sociales. Pouvez-vous imaginer ce bien-être profond d’être soi, l’énergie qui était là disponible pour aller explorer la vie ?
En voulant être bon ou quelqu’un de bien, pour être accepté, aimé, appartenir, ne nous coupons pas de cet état premier.
Pour aller au-delà de la honte
Le terrain qui permet à la honte de pousser est celui de l’amour conditionnel, de la comparaison, du jugement. Nous devons nous valoriser, retrouver la valeur de nous-mêmes. Un premier pas est de repérer dans quels domaines de notre vie la honte se manifeste. Puis observer concrètement les limites qu’elle crée dans notre vie. Et enfin identifier les besoins de cette partie de nous qui vit la honte.
Pour nous valoriser, il s’agit de prendre conscience de nos qualités, de nos besoins, et de ce qui est important pour nous. Ainsi, nous éviterons de tomber dans le piège de la honte.
Posté par Coral JARDON